Trois familles chrétiennes ont fui les violences islamiques en RDC. Un père qui peine à éduquer ses enfants adolescents dans un camp de déplacés. Un jeune homme qui fait de son mieux pour s'occuper de son frère et de sa sœur traumatisés. Et une veuve qui dépend entièrement des autres personnes déplacées, parce qu'elle est trop traumatisée pour s'occuper de ses 5 jeunes enfants.
Oicha, une ville du nord-est de la République démocratique du Congo (RDC), a été ravagée par la violence depuis plusieurs années. Depuis 2022, plus de 2,6 millions de personnes ont été déplacées dans la province du Nord-Kivu.
Jérome* est l'un des nombreux chrétiens vivant dans un camp de personnes déplacées à Oicha. Ces chrétiens ont été déplacés parce que leurs villages ont été attaqués par les combattants du groupe islamiste ADF.
«J'ai fui parce que les ADF avaient tué mon fils,» explique-t-il. «De nombreux civils ont été tués. Notre récolte a été détruite, ma moto a été brûlée - il ne nous restait plus rien.» Jérôme et sa famille savaient qu'ils devaient partir, ils ont donc entamé le voyage vers Oicha à pied. Ils ont trouvé refuge dans un camp pour déplacés internes (IDP) où ils vivent aujourd'hui.
Des besoins immenses
Même dans la sécurité relative du camp de réfugiés, la vie est très rude. «Il n'y a pas assez de soutien de la part du gouvernement, d'autres personnes ou d'ONG pour les aider», explique le pasteur Paluku*, responsable d'une église à Oicha. «La seule chose que les églises pouvaient fournir, c'était des endroits où ils pouvaient construire leurs camps. Mais les églises n'ont pas assez de moyens pour les nourrir ou pour créer des infrastructures comme des écoles.»
Jérôme a été le témoin direct de ce désespoir. «Se procurer de la nourriture est notre principal problème maintenant que nous sommes déplacés, car nous n'avons pas d'endroit où cultiver», explique-t-il. «La situation est très mauvaise. Si la vie continue comme ça... il est difficile de vivre.»
Jérôme a également constaté l'impact que la vie dans ces conditions a sur la foi d'autres chrétiens.
«La foi est affaiblie,» dit-il. «Les gens ne pensent plus à aller à l'église. Il est difficile de contrôler [nos enfants].» Les adolescentes tombent enceintes, fument de la marijuana et disparaissent pendant des jours.
Lutter pour survivre
«Ma vie spirituelle a beaucoup changé depuis la mort de mes parents,» confie Jonathan, un jeune homme. Son père, sa mère et la plupart de ses frères et sœurs ont été tués par des extrémistes. «Je ne vais plus à l'église. Parce que si je vais à l'église, je ne trouverai pas le temps de gagner l'argent dont nous avons besoin pour ce jour-là.» Jonathan doit acheter de la nourriture et des vêtements pour lui et ses frères et sœurs survivants.
Son frère Kambale, âgé de 17 ans, s'est caché dans la maison de ses parents lorsqu'il a vu sa famille se faire assassiner. «Il est difficile pour mon frère d'en parler. Même si je lui demande de parler lentement, il reste stressé. Il s'est caché pendant l'attaque, mais il a tout vu.»
Le mari de Deborah a également été tué par les ADF. Cette mère de cinq enfants reste très affectée. «Je pleure encore beaucoup,» dit-elle. «Je n'ai pas la force de travailler. Je dépends des gens qui me donnent un peu de leur nourriture. Aujourd'hui, quelqu'un me donne une botte de feuilles de manioc, demain quelqu'un d'autre me donnera une demi-bouteille d'huile de palme. Tout cela m'aide à survivre.
Un traumatisme non soigné
Ce n'est pas seulement la pauvreté qui pèse sur les chrétiens déplacés dans l'est de la RDC. La lutte quotidienne pour la nourriture empêche les gens de surmonter les traumatismes qu'ils ont subis.
De nombreuses personnes déplacées ont besoin d'aide pour faire face à leurs traumatismes. Portes Ouvertes soutient régulièrement les personnes déplacées à Oicha avec de l'aide alimentaire. Nous prions et parlons avec les survivants d'attaques. Mais il reste encore beaucoup à faire pour que la grâce de Dieu puisse continuer à briller.
Sujets de prière:
- Prions pour ceux qui se trouvent dans les camps de déplacés, afin qu'ils ne perdent pas l'espoir et la foi en Dieu au milieu de ces circonstances difficiles.
- Demandons à Dieu de fournir à ses enfants de la nourriture, des soins post-traumatiques et tout ce dont ils ont besoin.
- Prions pour les dirigeants du pays, ceux qui sont chargés de rétablir la paix, afin que Dieu les aide et travaille en eux.