Actualité Nicaragua | 08 mai 2025

Nicaragua: le gouvernement tente de réduire ses opposants au silence

 

 
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Le régime de Daniel Ortega réprime avec une dureté croissante les opposants, les représentants de l'Église et les voix critiques. Les organisations de défense des droits humains et les institutions internationales parlent de persécution systématique, d'intimidation politique et d'atteintes massives à la liberté religieuse.
En février, l'évêque nicaraguayen Rolando Álvarez a donné une interview de son lieu d'exil, à laquelle le ministre nicaraguayen des Affaires étrangères a réagi par des critiques acerbes. Dans sa déclaration, le ministre des Affaires étrangères a qualifié le Vatican de «corrompu» et de «pédophile» et l'a accusé de violer la souveraineté du Nicaragua.

Il a déclaré que le Vatican, sans «aucune autorité politique supranationale», tentait d'exercer un contrôle sur les fonctions et les pouvoirs au Nicaragua qui avaient été conférés à des personnes qui, en raison de leur «comportement inapproprié et inacceptable», n'étaient plus nicaraguayennes.

Le ministère a également accusé le Vatican d'«inciter constamment à la violence, au mensonge et à la diffamation planifiée», causant ainsi «souffrance, douleur et peur parmi les familles de notre pays». Bien qu'Álvarez ne parlait clairement pas au nom du Vatican, le ministère a répété cette affirmation et condamné la prétendue ingérence du Vatican.

Critiques internationales contre les abus de pouvoir et la répression

Le 29 janvier, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme avait déjà publié une déclaration basée sur le rapport du groupe d'experts sur les droits de l'homme au Nicaragua. Celle-ci indiquait que le gouvernement nicaraguayen continuait de commettre des violations graves et systématiques des droits de l'homme, motivées par des considérations politiques et pouvant constituer des crimes contre l'humanité.

Jan Simon, président du groupe d'experts, a déclaré: «Le président Ortega, la vice-présidente Murillo [Rosario, l'épouse du président, ndlr] et d'autres hauts représentants du gouvernement cités dans le rapport doivent être tenus responsables devant la communauté internationale, tout comme le Nicaragua en tant qu'État qui persécute son propre peuple.»

La persécution touche en particulier les étudiants, les groupes autochtones, les communautés afro-nicaraguayennes, les paysans ainsi que les membres de l'Église catholique et d'autres confessions chrétiennes.

Une spirale de peur et de silence

Selon le rapport, la répression est désormais plus subtile. Les violations des droits humains et l'intimidation ne servent pas seulement à démanteler l'opposition active, mais visent également à faire taire les voix critiques à long terme et à empêcher l'émergence de nouveaux mouvements de la société civile.

Dans l'interview mentionnée, Mgr Álvarez avait confirmé qu'il restait évêque de Matagalpa et administrateur apostolique d'Estelí, un mandat confié par le pape François. Le gouvernement a qualifié cela d'ingérence du Vatican et a condamné le prétendu soutien apporté à des «personnes apatrides, destructrices, ambitieuses et incorrigibles» que l'on ne pouvait «imposer à personne comme autorités».

Jan Simon a ajouté :

«Le Nicaragua est pris dans une spirale de violence marquée par la persécution de toute opposition politique, tant à l'intérieur qu'à l'étranger. Parallèlement, le gouvernement a instauré une spirale du silence qui paralyse toute forme de contestation.»

La persécution des proches des opposants au régime, y compris des enfants, est particulièrement préoccupante. Le document de l'ONU recense des cas d'enfants victimes de violences uniquement parce que leurs parents étaient politiquement actifs ou opposés au régime. Des déportations et des interdictions d'entrée sur le territoire ont déchiré plusieurs familles; certains enfants se sont vu refuser des passeports valides afin qu'ils ne puissent pas revoir leurs parents vivant à l'étranger.

L'Europe réagit par des sanctions et des critiques

Le Parlement européen a condamné à plusieurs reprises l'évolution autoritaire au Nicaragua. Dès juin 2023, les députés ont appelé les États membres de l'UE à ouvrir des enquêtes sur les graves violations des droits de l'homme commises par le gouvernement nicaraguayen. En octobre 2024, l'UE a prolongé jusqu'en 2025 ses sanctions à l'encontre de 21 représentants du gouvernement et de trois institutions, notamment des interdictions d'entrée sur le territoire et des gel des avoirs.

La dernière modification constitutionnelle, initiée par Ortega et son épouse Murillo, renforce encore leur contrôle. Les députés européens ont critiqué cette réforme, qu'ils considèrent comme un nouveau pas vers le démantèlement de la démocratie et de l'État de droit. La suppression des institutions indépendantes et la concentration des pouvoirs entre les mains de l'exécutif sont particulièrement controversées.

Répression accrue de l'Église et des libertés religieuses

Parallèlement à la répression politique, le gouvernement intensifie sa persécution de l'Église catholique et d'autres groupes religieux. La descente de police du 26 janvier 2025 à la clinique médicale Nazareth des Franciscains dans le département de Jinotega a particulièrement fait sensation. Cette clinique, dirigée par le père Odorico D. Andrea, offrait divers services médicaux. En outre, 30 sœurs clarisses du Nicaragua ont été expulsées et contraintes de quitter leurs couvents.

Le régime surveille étroitement les prêtres, contrôle leurs téléphones portables et exige des rapports hebdomadaires sur leurs activités. Les sermons ne peuvent désormais traiter que de sujets purement théologiques; les thèmes sociaux ou politiques sont interdits. Depuis 2019, le régime a interdit au total 11'763 processions, dont de grandes célébrations religieuses telles que la Via Crucis pendant la Semaine Sainte. Rien qu'en 2024, environ 4800 processions ont été annulées. Pour contourner cette restriction, les communautés recherchent d'autres moyens de pratiquer leurs activités religieuses à l'intérieur des églises.



 

 

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