Romanel-s/Lsne, le 8 décembre 2023 – L'ONG spécialiste des questions de persécutions religieuses, Portes Ouvertes publie chaque année l’Index mondial de persécution, la liste des 50 pays dans lesquels les chrétiens sont les plus persécutés. En marge de ce classement, l’organisation mène depuis 3 ans des recherches sur la situation des enfants, en matière de liberté religieuse.
Les conclusions de son rapport 2023 relèvent que dans les pays qui enregistrent des niveaux de persécution élevés, très élevés ou extrêmes, la liberté de religion ou de croyance des enfants et des jeunes est régulièrement remise en question et niée, bien que les pays en question aient tous ratifié la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant.
Les recherches sur la persécution religieuse spécifique aux enfants et aux jeunes chrétiens dans les pays de l’Index mondial de persécution confirment que l'expérience de la discrimination, du harcèlement et de la violence fondés sur la foi peut influencer durablement leur développement. La persécution sévère qu'ils subissent conduit souvent à l’isolement et impacte leur identité.
Avenir réorienté ou compromis
Les résultats de l'enquête 2023 confirment que les jeunes chrétiens sont largement ciblés par la discrimination et le harcèlement à l'école, la violence psychologique et verbale. Nous avons connaissance de cas où des enfants adoptés par une famille chrétienne sont menacés d’être retirés à leurs parents adoptifs en raison de leur foi.
L'accès à la Bible, aux rencontres de jeunes et à d'autres sources d'enseignement et de matériel chrétiens peut également être restreint dans le but de les dissuader à rester dans la foi chrétienne. Chacun de ces points de pression peut restreindre ou réorienter le "parcours" des enfants et des jeunes, c'est-à-dire leur avenir à long terme.
Harcèlement scolaire comme point de pression principal
La discrimination et le harcèlement dans le cadre scolaire est le principal facteur de pression pour les enfants et les jeunes chrétiens depuis trois ans. En outre, l'école est un lieu où sévit la violence verbale et psychologique. Par exemple, au Bangladesh, les enfants de chrétiens d’arrière-plan musulman peuvent avoir du mal à être admis dans l'école de leur village, et les familles sont contraintes à s’installer ailleurs, afin de permettre à leurs enfants d’accéder à une éducation.
La persécution touche aussi bien les enfants et les jeunes qui ont choisi de devenir chrétiens, que ceux qui font partie de communautés ou de familles chrétiennes. Le statut de dépendance que tous les enfants et les jeunes occupent au sein de leur société peut les rendre particulièrement vulnérables à une persécution religieuse spécifique. Les effets de cette persécution peuvent se répercuter sur leurs familles et leur vie future.
Colombie – l'exemple de Valentina
En Colombie, Valentina a quitté ses parents à l'âge de 11 ans, parce qu'il était trop dangereux pour elle de rester vivre avec sa famille, dans une région aux mains de la guérilla, qui s’en prend aux familles de pasteurs qui résistent à la corruption. De plus, son père et d'autres dirigeants chrétiens étaient insatisfaits de l'éducation reçue par leurs enfants dans l'école du village, imprégnée des rituels de sorcellerie des communautés indigènes présentes dans le village. Leur demande d'ouverture d'une autre école a été rejetée. Les parents de Valentina ont entendu parler d'un centre pour les enfants de chrétiens persécutés, situé à 15 heures de voyage du village. Ecole que Valentina a intégré, malgré la séparation d’avec ses parents que cette décision a engendrée.
Incidence à long terme
Un événement de persécution peut avoir des conséquences à long terme. Les effets d'un cas de violence ou de harcèlement peuvent se répercuter sur la famille, les amis et les membres de l'église.
En Colombie, notre rapport portant sur les trois dernières années a fait ressortir la discrimination et le harcèlement dans le cadre de l'éducation comme un facteur important de pression pour les enfants et les jeunes chrétiens. Outre la discrimination dans les résultats aux examens, les enfants chrétiens risquent également d'être victimes de brimades de la part de leurs camarades et de leurs enseignants. Par exemple, il peut être interdit à d'autres enfants de se lier d'amitié avec eux et certains enseignants peuvent essayer de les intimider.
Principales recommandations du rapport 2023
Le récent rapport (en anglais) analysant la situation des enfants et des jeunes dans un contexte de persécution et publié par l’ONG Portes Ouvertes en septembre dernier souligne ces résultats. Elle appelle les gouvernements et les décideurs des États occidentaux à agir pour que les droits des enfants et des jeunes soient préservés. Voici les recommandations qu’il contient:
- Former, soutenir et impliquer les acteurs religieux locaux dans les discussions avec les chefs des communautés religieuses pour l'élimination des pratiques préjudiciables infligées aux enfants, y compris en contribuant activement à l'élimination de ces pratiques chaque fois qu'elles se produisent.
- Encourager les États à supprimer de leurs programmes d'enseignement toute référence à des préjugés religieux et à prendre des mesures punitives à l'encontre de toute personne qui harcèlerait un enfant en raison de son appartenance religieuse.
*Les noms ont été modifiés pour des raisons de sécurité.
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