À l'occasion de la journée de commémoration de l’ONU en faveur des victimes de violence religieuse le 22 août 2025
Alors que la liberté de religion est garantie par l’Article 18 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, les chrétiens subissent une violence croissante en raison de leur foi. La journée mondiale de commémoration des personnes victimes de violence en raison de leur religion ou de leurs convictions est l'occasion de se souvenir de ces victimes et de faire connaître l’injustice qui leur est faite.
Portes Ouvertes, qui publie chaque année un
Index mondial de persécution qui recense les 50 pays où la situation est la plus difficile pour les chrétiens, relève dans l’édition 2025 que 4476 chrétiens ont été tués pour des raisons religieuses entre novembre 2023 et octobre 2024 dans les 50 pays analysés, dont 3100 uniquement au Nigeria.
Les chrétiens représentent la communauté religieuse la plus ciblée au monde,
selon un rapport du Pew Research Center.
Exemples de violences au Nigeria et dans le monde
La ceinture centrale du nord-est et du centre du Nigeria est une zone de violences religieuses intenses actuellement. Les communautés chrétiennes subissent une vague d'attaques de la part des militants peuls. L’été constitue un moment stratégique pour les attaquer, car nombre d'entre elles sont composées d'agriculteurs qui sont en train de semer leurs cultures. Les destructions et les déplacements de population détruisent leurs moyens de subsistance et appauvrissent les chrétiens.
13 juillet – au Nigeria, deux pasteurs itinérants ont été tués par balle par des militants peuls à Gwon, dans l’État du Plateau. «Ils ont ouvert le feu et ont tué deux personnes. À partir de là, il y a eu beaucoup de coups de feu dans la communauté jusqu'à ce que la force militaire et les membres de la milice arrivent et repoussent les assaillants, qui se sont retirés dans les collines», explique Solomon Daylop, un témoin de l'attaque. Il explique que les attaques répétées provoquent l’anxiété parmi la population: «Les gens sont en deuil et vivent dans l'appréhension et la peur pour leur vie, ne sachant pas ce qui va se passer ensuite, car les bandits, qui sont plus d'une centaine, sont bien équipés en armes.»
8-14 juin – au Nigeria, 218 chrétiens ont été tués dans une série d’attaques dans l’État de Benue, dont la principale a touché le village de Yelewata. Des attaques coordonnées dont la composante religieuse joue un rôle central. La communauté de Yelewata a été une nouvelle fois attaquée le
lundi 11 août, vers 7 heures du matin. Trois morts et plusieurs blessés sont à déplorer.
27 juillet – en République démocratique du Congo, au moins 40 personnes, dont 21 fidèles qui participaient à une veillée de prière, ont été massacrées lors d'une attaque à la machette. L'ADF, un groupe islamiste affilié à l'État islamique, serait à l’origine de l’attaque.
22 juin – en Syrie, 24 chrétiens sont morts lors d’un attentat terroriste contre une église à Damas. L’attaque a eu lieu pendant la messe. Il remet en question l’engagement du nouveau gouvernement syrien à protéger tous ses citoyens.
16 août 2023 - 16 août 2025 – Il y a deux ans, Jaranwala a vécu l'une des attaques les plus violentes contre les chrétiens dans l'histoire récente du Pakistan. 10'000 chrétiens ont été touchés. Des foules ont envahi les quartiers chrétiens de la ville, pillant les maisons, incendiant 19 églises et chassant les familles dans les rues.
Appel à l’action et à la prière
L’ONG Portes Ouvertes, qui soutient les chrétiens persécutés depuis 70 ans, appelle la communauté internationale et le gouvernement suisse à s’engager activement et sans compromis contre la violence subie par les chrétiens et d’autres minorités religieuses en intervenant auprès des gouvernements et décideurs des pays concernés et à utiliser leur influence pour intervenir en faveur de la paix et de la sécurité.
Philippe Fonjallaz, directeur de Portes Ouvertes Suisse: «Les violences subies par les chrétiens dans le monde, et en particulier en Afrique subsaharienne, sont intolérables. Cette journée de commémoration de l’ONU en faveur des victimes de violence religieuse est une coquille vide si les minorités religieuses, et en particulier les chrétiens, continuent à être impunément menacées, attaquées ou leurs membres tués sans que la communauté internationale ne prenne cela au sérieux. Il ne s’agit pas de commémorer, il s’agit d’agir afin que les minorités religieuses puissent à l’avenir vivre leur foi librement, sans risquer d’être violentées, avec tous les traumatismes que cela implique. Cela nécessite de faire pression sur les gouvernements concernés et de refuser l’impunité accompagnant parfois ces exactions.»
En Suisse, le Groupe de travail pour la Liberté Religieuse (GLR) du Réseau Evangélique Suisse (RES) mobilise les églises en Suisse à prier pour les chrétiens victimes de violences religieuses. Chaque année, il coordonne le Dimanche de l’Eglise persécutée (DEP). Cette année, l’événement aura lieu le 9 et 16 novembre dans plusieurs dizaines d’églises en Suisse.
Légende-photo: enterrement collectif des victimes des attaques du 27 juillet en République démocratique du Congo.